Médias et intellectuels français avancent régulièrement que le bouddhisme n’est pas une religion mais une spiritualité.Qu’il n’implique l’adhésion à aucune croyance irrationnelle ou déraisonnable, ne tolère aucune forme d’autorité extérieure et se fonde entièrement sur une expérience individuelle et transformatrice appelée « méditation ». Cette dernière, affirme notamment le philosophe et maître bouddhiste français Fabrice Midal, n’aurait « aucun but » ni « aucune finalité », mais serait « un espace de pure gratuité » permettant aux Occidentaux stressés de prendre le temps d’« être »1. Ce type de représentation se heurte toutefois aux doctrines et aux pratiques bouddhiques asiatiques, qui mettent l’accent sur le rituel et la dévotion, de même qu’aux réalités observables dans les centres français.,,1. Fabrice Midal, Études, octobre 2013, pp. 377-382. Voir également Quel bouddhisme pour l’Occident ?, Éd. du Seuil, 2006.,,
Le titre "Quel bouddhisme pour l’Occident ?" montre bien qu'il s'agit d'une réflexion sur la manière dont le bouddhisme pourrait être occidentalisé ce qui implique nécessairement une rupture avec un bouddhisme purement asiatique. Ce que Marion Dapsance n'arrive pas à comprendre c'est qu'il existe une grande variété d'attitudes à l'égard du Bouddhisme. On peut pratiquer en étant dans le rejet total de tout rituel comme à l'inverse dans la tentative d'un parfait mimétisme avec ce qui se passe dans un monastère. Mais par conséquent il est délicat de décrire les réalités observables dans les centres français car elles varient beaucoup d'un endroit à l'autre. Ce que Marion Dapsance a pu observer dans des centres Rigpa n'est probablement valable que pour ces centres. Néanmoins elle se permet de dire que ses analyses sont également valable pour le zen en renvoyant à Robert Sharf et Bernard Faure... Encore faudrait-il qu'il y ait une homogénéité entre le zen français et le zen américain parce que à ma connaissance Robert Sharf ne s'est jamais intéressé au zen Français. Et on sait, par ailleurs que Deshimaru était également très critique à l'égard du zen américain.
En effet, les nouveaux adeptes du bouddhisme, souvent des critiques amers du catholicisme, se soumettent rapidement aux nouvelles exigences des maîtres bouddhistes, notamment tibétains, présents sur notre territoire. Or, ces exigences n’ont rien de moderne : elles s’inscrivent plutôt dans une conception du monde éminemment religieuse. Ainsi trouve-t-on dans ces centres des individus qui, tout en professant une foi absolue en la rationalité du bouddhisme, pratiquent des rituels de propitiation de divinités, se prosternent Méditer jour après jour : 25 leçons pour vivre en pleine conscience, La
Rencontre du bouddhisme et de l’Occident, Jésus, Bouddha d’Occident, À
la rencontre du Dalaï-Lama, Socrate, Jésus, Bouddha : trois maîtres de
vie1. Ces ouvrages se fondent tous sur l’idée que le bouddhisme – et la «
méditation » qui lui serait propre – peut apporter un mieux-être à
l’Occident. Ce mieux-être est prophétisé par différents porte-parole,
qui s’arrogent tous une compétence particulière en matière de
bouddhisme, pourvu qu’elle soit vendeuse. Psychologues, lamas tibétains,
philosophes, maîtres bouddhistes vietnamiens, neuroscientifiques,
anciens hippies, artistes, sociologues, femmes au foyer : chacun peut se
tailler une part dans la niche éditoriale que constitue la «
spiritualité bouddhiste ». Il suffit de proposer un couplet
supplémentaire – plus ou moins imaginatif – à la ritournelle déjà bien
connue : « Le bouddhisme vous veut du bien. » Cette dernière se retrouve
par ailleurs également illustrée dans maintes réclames pour clubs de
vacances, thalasso-thérapie, banque et assurances, cours par
correspondance, ménage à domicile, etc., où les notions de calme, de
confiadevant leurs lamas, récitent des prières, confessent leurs fautes, absorbent des pilules contenant des reliques humaines, font dons d’offrandes aux maîtres décédés, tournent autour de reliquaires, utilisent des chapelets, se font asperger d’eau bénite, reçoivent des impositions d’objets sacrés, etc. Pourquoi ces pratiques, observables sur le territoire français même, sont-elles passées sous silence ? Pourquoi leur existence ne remet-elle pas en question la représentation dominante du bouddhisme comme « spiritualité laïque » ?,,
Le texte de Marion Dapsance opère très rapidement un réductionnisme inacceptable en réduisant le bouddhisme en France au Bouddhisme tibétain. L'existence de ces pratiques ne remet pas en question la représentation dominante du bouddhisme comme spiritualité laïque simplement parce que ces pratiques n'ont rien d'universelles. Tous les catholiques se font asperger d'eau bénite mais pas tous les bouddhistes. Ceci étant dit je me suis déjà fait asperger d'eau lors d'un rituel bouddhiste mais pour moi ce rituel n'est pas du tout le même sens que l'eau bénite dans le christianisme. Je ne me sens absolument pas concerné par le déni de religiosité dans le bouddhisme zen. Pour moi la religiosité est indéniable mais elle ne se superpose pas pour autant à celle du christianisme. Dans le christianisme l'eau bénite renvoie au baptême, rituel qui nous fait entrer dans la communauté chrétienne. N'ayant plus aucune affinité avec cette religion ni avec la communauté des Chrétiens, l'eau bénite chrétienne n'a plus aucun sens pour moi. A l'inverse je me suis fait asperger d'eau par un moine dans un rituel de purification karmique. La notion de spiritualité laïque ne s'oppose pas à l'idée de l'existence de la partie invisible du monde. La notion de purification karmique n'a pour moi rien d'irrationnelle mais ni plus ni moins que celle du baptême. On baptise bien les bateaux avec des bouteilles sans qu'on parle pour autant de la religiosité d'un tel rituel même si cela renvoie aussi à des croyances et des superstitions ancestrales. Elle ne définit jamais ce qu'elle entend par religion ni ce qu'elle entend par spiritualité par conséquent ses considérations restent très floues. On comprend ce qu'elle veut dire mais ça reste un problème de catégories mal définies. Pour moi le bouddhisme zen n'est pas une spiritualité si le mot spiritualité renvoie uniquement à l'esprit. Dans la mesure où on doit abandonner corps et esprit en zazen, le mot spiritualité est quand même mal choisie pour désigner le bouddhisme zen. Ce n'est pas un sport ni un art. C'est une pratique bien difficile à catégoriser.
À qui profite la « spiritualité » bouddhique ?,,
Le déni de la religiosité bouddhique sert des intérêts divers mais convergents. Plusieurs groupes d’individus tirent en effet parti de cette conception du bouddhisme comme « spiritualité » : ceux qui en parlent (les auteurs qui se sont approprié la question et les médias qui relaient leurs propos), ceux qui en vivent (les maîtres bouddhistes ayant pour profession d’enseigner, qu’ils soient d’origine asiatique ou occidentale) et ceux qui le vivent (les adeptes). La fiction occidentale d’un bouddhisme areligieux est d’abord un créneau éditorial particulièrement fécond. Parce qu’elle ne repose sur aucune caractérisation positive, mais plutôt sur l’idée vague et protéiforme que le bouddhisme a pour but de rendre heureux, l’idée de « spiritualité bouddhiste » rend possible la multiplication d’ouvrages en tous genres, tels, entre autres, Bouddhisme au quotidien, Le bonheur est entre vos mains : petit guide du bouddhisme à l’usage de tous, Le Moine et le Philosophe, Le bouddha dans votre miroir : bouddhisme au quotidien et recherche de soi, Le Cerveau du Bouddha, Méditer jour après jour : 25 leçons pour vivre en pleine conscience, La Rencontre du bouddhisme et de l’Occident, Jésus, Bouddha d’Occident, À la rencontre du Dalaï-Lama, Socrate, Jésus, Bouddha : trois maîtres de vie1. Ces ouvrages se fondent tous sur l’idée que le bouddhisme – et la « méditation » qui lui serait propre – peut apporter un mieux-être à l’Occident. Ce mieux-être est prophétisé par différents porte-parole, qui s’arrogent tous une compétence particulière en matière de bouddhisme, pourvu qu’elle soit vendeuse. Psychologues, lamas tibétains, philosophes, maîtres bouddhistes vietnamiens, neuroscientifiques, anciens hippies, artistes, sociologues, femmes au foyer : chacun peut se tailler une part dans la niche éditoriale que constitue la « spiritualité bouddhiste ». Il suffit de proposer un couplet supplémentaire – plus ou moins imaginatif – à la ritournelle déjà bien connue : « Le bouddhisme vous veut du bien. » Cette dernière se retrouve par ailleurs également illustrée dans maintes réclames pour clubs de vacances, thalasso-thérapie, banque et assurances, cours par correspondance, ménage à domicile, etc., où les notions de calme, de confiance, de repos ou de sérénité sont désormais presque toujours illustrées par l’image d’une personne assise, les yeux fermés, en posture dite du lotus. La « spiritualité bouddhiste » est une coquille creuse au fort potentiel publicitaire.,,
Ce passage est particulièrement risible et absurde... Marion Dapsance part de ce qui ressemble à des dérives mercantiles pour critiquer ce qui en serait la source, le bouddhisme à l'occidentale. Que beaucoup de gens soient venus au bouddhisme après avoir lu Lobsang Rampa qui est un faux lama, ça pose un problème à qui? Qu'une femme au foyer écrive un livre sur le bouddhisme et qu'elle se taille une part dans la niche éditoriale, ça dérange qui à part Marion Dapsance? Que des maîtres zen occidentaux publient leur Kusen et que cela leur fasse une source de revenu, je ne vois vraiment pas où est le problème. Personnellement je serais bien content d'avoir une copie papier des enseignements reçues en zazen et je suis prêt à payer pour ça. De quoi devrait vivre les maîtres spirituels? uniquement d'amour et d'eau frâiche? et Marion Dapsance n'exploite-t-elle pas le filon du bouddhisme pour écrire et publier ses inepties? Au secour!
C’est souvent sur la base de lectures de ce type que des Occidentaux décident de se rendre dans un « centre du dharma » dirigé par un maître asiatique (la plupart du temps tibétain) ou occidental (souvent un philosophe, tel, en France, Fabrice Midal1). Ce mode de recrutement paraît ici relever de l’évidence : quel meilleur moyen de découvrir la « sagesse bouddhiste », sinon les livres ? Le bouddhisme étant une philosophie qui s’expose logiquement, il est normal que le texte soit le vecteur privilégié de sa transmission. Or, cette situation est inédite dans toute l’histoire de cette tradition. En effet, les doctrines et les pratiques inspirées du Bouddha ont surtout été transmises oralement, par la relation entre maître et disciple, par sermons publics et par coutume. L’idée que l’écrit prédomine est une idée chrétienne. Les textes – doctrinaux et liturgiques – étaient réservés aux élites monastiques et enseignés suivant un curriculum strict excluant toute liberté de choix et d’interprétation : il s’agissait d’étudier les textes choisis par l’institution, dans le sens fourni par l’institution. Pour le commun des laïcs, la plupart du temps illettrés, les textes étaient plutôt utiles sous forme de reliques ou de talismans, pourvoyeurs de bénédiction, de chance et de protection.,,,,
Encore un passage totalement absurde... Jésus n'a pas plus écrit que le Bouddha et la Bible est née dans des traditions qui à l'origine étaient orales. Les bouddhistes n'ont pas attendus leur rencontre avec les occidentaux pour écrire des livres. Je ne vois pas en quoi cette situation est inédite... Comment s'est passé l'arrivé du Bouddhisme en Chine sinon par le biais de traductions qui empruntaient au taoïsme? Dans le bouddhisme zen on parle de transmission en dehors des écritures mais c'est très souvent mal compris... cela signifie que la relation maître à disciples prime sur une compréhension purement intellectuelle mais cela n'exclue absolument pas l'étude des textes. L'anti-intellectualisme que l'on rencontre parfois dans le zen est à mon avis un contre-sens, du moins dans le zen soto. On ne passerait pas son temps à citer Dogen, si l'anti-intellectualisme avait une raison d'être dans le zen.
Dans l’Occident contemporain, une telle vision paraît inconcevable. Le bouddhisme est un rationalisme salvateur : il appartient à tous, donc à personne. Démocratique, aucune autorité n’est en droit d’en instituer l’orthodoxie. Il est loisible de s’en réclamer, sans que cela implique de référence dogmatique particulière. Le mot évoque tout simplement la « liberté d’être », summum de l’épanouissement personnel. Cette conception fantasmée est un appui inopiné à la propagande des lamas tibétains, venus en Occident à partir des années 1960 pour des raisons toutes prosaïques : échapper à l’envahisseur chinois et se constituer de nouveaux débouchés économiques. En effet, les ouvrages consacrés à la panacée bouddhique garantissent aux lamas exilés en Europe un afflux régulier de nouveaux adeptes, séduits par les possibilités infinies qu’ils promettent en termes de développement personnel. Considérés comme des spécialistes séculaires de la sérénité, les lamas sont les instances vers lesquelles se tournent spontanément ceux qui souhaitent approfondir la connaissance livresque qu’ils ont du bouddhisme. Lorsqu’on se rend dans ces centres et que l’on en questionne les adeptes, on découvre que la majorité y est venue en vertu d’un ouvrage ou d’un auteur, le Dalaï-Lama et Matthieu Ricard figurant en tête. Quelques-uns y arrivent par le biais d’un voyage en Asie qui les aura fascinés, mais le cas est plus rare. Cela, évidemment, n’a rien d’étonnant : seuls les livres, les figures médiatiques ou les voyages peuvent réduire la distance qui sépare les deux continents. Cependant, s’ils expliquent comment on devient disciple d’un lama, ces ouvrages dithyrambiques n’expliquent pas comment on le reste. En effet, s’ils sont prêts à embrasser les conceptions lucratives des Occidentaux, les lamas n’en sont pas moins membres d’une culture qui considère le « bouddhisme » (qu’ils nomment chez eux chö ou buddhadharma) comme un ensemble de prescriptions susceptibles d’assurer la sortie définitive de l’être du cycle sans fin des renaissances. L’objectif prôné n’est pas une amélioration du bien-être, fût-il « intérieur », en ce monde : le bouddhisme propose au contraire d’y échapper. Cela passe essentiellement par la pratique rituelle et liturgique, dans le cadre d’une relation de dévotion et d’obéissance totale envers un maître. Encore la pratique rituelle n’est-elle réservée qu’à certains moines et à certains ascètes. Traditionnellement, les laïcs n’ont accès qu’à la purification du karma par le don, la récitation de prières et les bénédictions des religieux.,,,
Mais oui! l'objectif prôné n'est pas seulement une amélioration du bien-être mais bien une sortie du cycle des renaissances. C'est bien là qu'on voit que Marion Dapsance mélange un peu tout sans voire la nature paradoxale, ambivalente pour ne pas dire non-duelle du bouddhisme. Le nirvana implique en même temps la fin de la souffrance inhérente au fait de vivre et la sortie du samsara. On est quand même un peu en droit de penser que la fin de la souffrance apporte quand même un peu de bien-être ou plus exactement de la joie et que cette joie est le bonheur suprême. En revanche il me semble contestable de faire du nirvana un équivalent post-mortem du paradis des chrétiens. La fin de la souffrance n'implique nullement la vie éternelle. D'autant plus que le paradis existe dans le bouddhisme mais est distingué du nirvana comme étant situé en dessous dans le monde des dieux bienheureux. Et le monde des dieux n'est pas dans arrière monde, post-mortem. Il n'y a qu'un seul monde.
Les lamas qui dirigent des « centres du dharma » pour Occidentaux sont ainsi confrontés à un véritable malentendu culturel. On leur demande en effet d’enseigner à des laïcs des pratiques rituelles et dévotionnelles inspirées de doctrines médiévales relatives au salut post-mortem, tout en persistant à dire que « ce n’est pas une religion ». Comment faire tenir ensemble les deux parties de la proposition ?,,
Mais parce que ce n'est pas censé être une religion ce n'est pas censé répondre à la question existentielle de la vie et de la mort? Mais qu'est-ce qu'une spiritualité pour Marion Dapsance?
Comment continuer à dénier la religiosité du bouddhisme, alors que l’on s’apprête à enseigner des rituels liturgiques et des pratiques dévotionnelles ? Plusieurs cas de figure sont possibles. Certains lamas – ils sont rares – affirment d’emblée l’équivalence des termes « religion » et chö, revenant ainsi sur l’idéal laïque des Occidentaux. S’ils veulent véritablement comprendre et pratiquer le bouddhisme, les nouveaux adeptes doivent reconsidérer leurs conceptions initiales du bouddhisme et s’interdire de réduire « la religion » à un ensemble de contraintes superflues, voire despotiques. Le religieux est alors subitement revalorisé, au point que certains adeptes se réorientent, décomplexés, vers la pratique catholique qu’ils avaient si vigoureusement condamnée dans leur éloge de la « spiritualité bouddhiste ». La « religion » n’est plus pour eux l’opium du peuple, mais un système de règles de vie tirant sa valeur et sa légitimité du fait de se fonder sur une tradition très ancienne.,,
Chacun est absolument libre de pratiquer le bouddhisme comme il le souhaite. Léonard Cohen n'a jamais renié son judaïsme. Qui lui reprocherait? Quand j'écoute ce que dit un prêtre chrétien lors d'un enterrement par exemple que Jésus aurait terrassé la mort et qu'il nous aurait montré le chemin vers la résurrection à la fin des temps... Je me demande qui peut encore croire à ce qui est dit au regard des connaissances scientifiques d'aujourd'hui? En revanche vivre en silence dans un monastère chrétien, ne me ferait pas fuir. On ne peut pas mettre sur le même plan ce qui relève des croyances ou dogme et ce qui relève des pratiques. Dans le zen soto, on ne reprochera jamais à personne de ne pas croire aux renaissances. On revanche on pourra reprocher à quelqu'un le fait d'avoir raté un zazen (sauf cas de force majeure).
Certains maîtres préfèrent au contraire maintenir l’idéal d’une « spiritualité bouddhique » tout en guidant leurs disciples vers la pratique rituelle. Pour ce faire, ils ont recours à une rhétorique de l’artificialité déclinable dans les deux cultures, permettant ainsi de créer un lien (lui-même passablement factice) entre elles. Les pratiques rituelles et dévotionnelles sont en effet présentées aux Occidentaux comme de simples « techniques de l’esprit », dérivées de l’auguste et laïque « méditation ». Si elles incluent des visualisations et des invocations de déités, c’est parce que ces dernières représenteraient des « archétypes universels de la pensée2 ». Les rituels sont non pas des pratiques religieuses, mais des exercices de l’esprit plus sophistiqués que la « méditation », qui permettent d’aller plus loin dans la purification de l’esprit. Cette euphémisation du religieux par l’idée d’artificialité (le rituel et la dévotion comme outils sans valeur intrinsèque) rejoint la notion bouddhique de « moyen habile » (upaya), qui désigne la possibilité offerte aux enseignants d’utiliser tout support et toute occasion disponibles pour convertir un être. La rhétorique de l’artificialité permet ainsi au lama de trouver un terrain d’entente avec ses étudiants occidentaux : ce qui est pour lui « moyen habile » se trouve être pour les autres « technique spirituelle ». Les deux parties font alors comme si les rituels, pourtant au centre de leurs activités communes, n’étaient en fait pas très importants.,,,,
Je ne comprends pas bien pourquoi on devrait se priver des rituels s'ils nous permettent d'approfondir notre pratique? au nom de quoi? D'un idéal de rationalité étriqué? Dans le zen on considère que les rituels sont secondaires mais secondaires ne signifie pas qu'on devrait s'en passer. Si certaines personnes sont allergiques aux rituels au nom d'un idéal fantasmé de pureté rationnelle, nous leur conseillons de se tourner vers la Pleine Conscience... mais il n'y seront pas pour autant gagnant. Lorsqu'après la méditation, nous devons nous arrêter pour des raisons indépendantes de notre volonté et que nous ne faisons aucun rituel nous avons le sentiment qu'il manque quelque chose. A cause de la pandémie de covid j'ai assisté à des enterrements sans aucun rituel, cela avait quelque chose de choquant. Il est difficile de dire pourquoi mais on ne médite pas comme on va aux toilettes même si on peut faire du passage aux toilettes un rituel comme nous encourage à le faire Dogen.,,,
D’autres lamas évitent, quant à eux, d’entrer dans les débats stériles concernant la nature religieuse ou non du bouddhisme, faisant valoir l’incommensurabilité des pensées occidentales et asiatiques. Ils mettent en quelque sorte les convertis devant le fait accompli : ce qu’ils proposent, quels que soient l’idée ou le nom que l’on y attache, ce sont les rituels tantriques (souvent pudiquement appelés « pratiques » par les convertis). Pour rester membre du centre, il convient de s’y atteler, un point c’est tout. Quel que soit le type d’accommodement choisi par les lamas, le résultat reste le même : une résurgence des dogmes, des pratiques et des hiérarchies traditionnelles au sein de sociétés qui revendiquent l’autonomie, la raison, le libre-arbitre. Le déni de la religiosité bouddhique ne permet donc pas seulement la constitution d’un créneau commercial florissant pour diverses catégories de personnes et de professions : c’est aussi, paradoxalement, un puissant réactivateur de religieux. Mise en rapport avec la réalité des pratiques proposées dans les centres du dharma français et plus généralement occidentaux, la persistance de la fiction du bouddhisme comme « spiritualité laïque » ne fait que mettre en lumière le véritable ennemi : non pas « la religion » en général (puisqu’elle est finalement acceptable une fois portée par des lamas), mais le christianisme en particulier.,,1. Fabrice Midal est à la tête de l’École occidentale de méditation, active à Paris et à Genève, voir le site officiel consultable en ligne.,,2. La notion d’ « archétype » vient de Carl G. Jung, Psychology and Religion (The Terry Lectures), New Haven, Yale University Press, 1938. L’assimilation des divinités tibétaines à ces derniers est également due à Jung, commentaire psychologique du Livre des morts tibétain, W. Y. Evans-Wentz, 1954.,,
Là encore on voit le réductionnisme du bouddhisme au tantrisme. Elle prend fâcheusement la partie pour le tout. A ma connaissance le tantrisme n'est pas exclusivement bouddhiste et dans ce que Marion Dapsance met en exergue relève plus pour moi de la religion Bön que du pure bouddhisme. Il est évident qu'un pratiquant bouddhiste Théravada ne se reconnaitra nullement dans les propos de Marion Dapsance. Je ne vois pas d'inconvénient dans le fait d'opposer Bouddhisme et Christianisme. Sur ce point, le propos de Marion Dapsance me dérange moins que tout propos syncrétique. Que des déçus du christianisme se retrouve dans le bouddhisme, je ne vois pas où est le problème. Que l'on puisse même se servir du bouddhisme pour critiquer le christianisme sur la question de la rationalité ne me pose pas de problème à partir du moment où on ne m'impose pas le bouddhisme tibétain comme référence absolue du bouddhisme. Et même s'il fallait défendre la rationalité du bouddhisme tibétain j'aurais plus de facilité à le faire que si je devais faire la même chose avec le christianisme. Et encore on peut voir dans une bonne partie de l'histoire de la philosophie occidentale une tentative de donner de la rationalité au christianisme. Et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait faire la même chose avec le bouddhisme. Pour ma part je vois dans la pratique de toumo du Bouddhisme tantrique tibétain un formidable exercice de transformation physique qui stimule les défenses immunitaires et procure une joie intense. Cela me semble beaucoup plus rationnel que la transsubstantiation du vin en sang du Christ même si le vin peut aussi procurer une joie intense.
L’invention d’une philosophie orientale,,en accord avec la science,,,
Si les Occidentaux en sont venus à considérer le bouddhisme comme une philosophie dénuée de toute pratique rituelle ou dévotionnelle, c’est avant tout parce qu’ils l’ont découvert dans les livres avant de l’observer dans la réalité. En effet, c’est d’abord dans le cadre des études sanscrites anglaises et françaises que la tradition bouddhique fut découverte et constituée1. Dans les années 1830, des manuscrits sanscrits découverts à Katmandou par l’administrateur colonial britannique Brian Houghton Hodgson furent envoyés au linguiste et indologue français Eugène Burnouf, fondateur de la Société asiatique, qui se chargea de les traduire et de les commenter2. C’est lui qui, le premier, décrivit le bouddhisme comme « un fait complètement indien », le Bouddha comme « un sage » et le bouddhisme comme une philosophie morale et rationnelle ayant pour but la cessation de la souffrance. Ces caractérisations, qui allaient s’imposer dans le monde entier et perdurer jusqu’à aujourd’hui, étaient cependant tributaires d’une vision purement livresque des traditions asiatiques. Parce qu’il ne s’est jamais rendu en Asie, et parce que son souci n’était pas d’ordre ethnographique mais philologique, Burnouf n’a pas décrit les temples, les autels, les prêtres, les reliques et les services religieux. Les ouvrages occidentaux s’inscrivirent dans sa lignée, et le bouddhisme continua d’être considéré comme une philosophie dépourvue de toute dimension rituelle, dévotionnelle et institutionnelle.,,La découverte de cette tradition s’inscrivait, en outre, dans le contexte européen de la sécularisation. Le bouddhisme-philosophie y apparaissait comme une spiritualité de substitution à un christianisme jugé à la fois décati, rétrograde et impérialiste. Il fut idéalisé et chargé des vertus que l’on regrettait de ne pas trouver dans la religion chrétienne et, en particulier, dans le catholicisme : rationalité, individualisme, égalitarisme. Le bouddhisme devint dès lors, dans l’esprit de nombreux intellectuels de cette époque (Schopenhauer, Nietzsche, de Vigny, Taine, Renan…), un antichristianisme salutaire, assimilable à un exercice de libre-pensée. Ainsi la féministe et future exploratrice Alexandra David-Néel écrivait-elle en 1911, dans Le Modernisme bouddhiste et le bouddhisme du Bouddha3 : « L’enseignement que nous connaissons sous le nom de Bouddhisme ne repose pas sur la personne du Maître qui l’a promulgué. Celui-ci ne se présente pas comme investi d’une autorité exceptionnelle pour communiquer aux hommes la teneur d’une révélation qu’il aurait miraculeusement reçue. Il ne se donne pas, non plus, comme possédant le pouvoir d’un sauveur capable d’annuler les conséquences funestes des erreurs des hommes. C’est à ceux-ci qu’il appartient de s’éclairer, de reconnaître le caractère erroné des croyances déterminant le comportement qui les maintient dans la souffrance. Siddhârtha Gautama est un Maître, rien qu’un Maître : il proclame des faits qui lui sont apparus au cours de ses investigations, de ses méditations, et il indique les moyens propres à nous “éveiller”, à nous délivrer, comme il s’est délivré, du rêve peuplé de fantasmagories où l’ignorance nous retient4. »,,Sans recours au divin ni référence à l’au-delà, le bouddhisme consiste ainsi, selon l’interprétation de l’époque, en une réflexion personnelle visant à éradiquer les causes mentales de la souffrance. Il est décrit comme un « simple programme, le plan d’une sorte de combat intellectuel que l’homme doit soutenir seul et dont il est dit pouvoir sortir vainqueur par ses propres moyens5 ». Alexandra David-Néel, l’un des premiers adeptes et promoteurs français du bouddhisme, y voyait en outre une source de régénération pour une civilisation occidentale en proie à la « décrépitude ». Elle écrit, dans une réédition d’après guerre : « Les conceptions sociales et morales d’un grand nombre de nos contemporains se sont singulièrement modifiées. Un désarroi se traduisant par une indifférence veule ou une attente angoissée de cela qui pourrait se produire a pris possession des esprits. Est-on encore justifié en parlant de la faillite de notre civilisation, ou faut-il employer le terme de catastrophe ? […] Il est, cependant, une autre expression, moins dramatique, mais plus poignante […] : c’est celle de décrépitude. […] Ne convient-il pas que nous nous efforcions d’écarter de nous, hommes de l’époque actuelle, le plus grand nombre possible d’éléments producteurs de souffrance, et de multiplier les facteurs susceptibles de contribuer à notre confort matériel et spirituel ? Or, il existe un enseignement dont le but, formellement affirmé, consiste précisément dans la Suppression de la Souffrance. Ne serait-il pas sage de lui accorder notre attention6 ? »,,On trouve aujourd’hui le même type de considérations sur l’opportunité de la doctrine bouddhique en contexte de « crise des valeurs occidentales » dans les écrits d’auteurs français comme Matthieu Ricard ou Frédéric Lenoir. Ce dernier considère notamment le bouddhisme, parce qu’il serait à la fois « rationalisme » et « imaginaire mythique », capable de « réconcilier » deux modes de pensée et deux modes d’être jusque-là opposés (l’Occident étant considéré comme « extraverti » et l’Orient comme « introverti »7), laissant ainsi poindre, à l’horizon, la lueur d’une « nouvelle civilisation planétaire8 ». Matthieu Ricard a, quant à lui, récemment déclaré que « la méditation a des effets sur tout le corps social » et milite pour la diffusion de sa pratique « laïcisée » dans toutes les sphères de la société afin d’apporter plus de paix et de compassion dans le monde9. Il est l’un des chercheurs qui participent aux expériences neuroscientifiques sur cerveaux de moines tibétains en méditation, organisées par le Mind and Life Institute. Ces expériences sont destinées à « prouver scientifiquement les effets de la méditation10 ».,,On mesure l’écart qui sépare Alexandra David-Néel de Matthieu Ricard. Le bouddhisme n’est plus seulement considéré aujourd’hui comme une « sagesse rationnelle » au sens d’Eugène Burnouf et d’Alexandra David-Néel. Il ne désigne plus une réflexion guidée sur les causes psychologiques du bonheur ou du malheur individuel, telle que nous la décrit Le Bouddhisme du Bouddha. Il n’est plus synonyme d’exhortation à l’examen de conscience ou à la réformation morale. Il désigne plutôt une thérapie mentale, dont la nature exacte n’est jamais précisée, si ce n’est qu’elle se fonderait sur la pratique de la « méditation ». Ce terme, toujours central dans les discours occidentaux sur le bouddhisme, ne désigne plus l’acte de réfléchir à ce que doit être une vie bonne ou une vie juste, mais se réfère à la pratique d’une relaxation assise, consistant précisément à s’arrêter de penser11. Rebaptisée « pleine conscience » (en anglais mindfulness) dans un souci de sécularisation, elle aurait pour but de modifier le fonctionnement et la structure physique du cerveau par un entraînement spécifique, consistant à développer des sentiments altruistes. Le développement de ces sentiments serait ainsi observable et quantifiable à l’aide de technologies modernes, tels que scanners, électrodes et thermomètres sophistiqués. Ce n’est donc plus la morale qui justifie aujourd’hui le bouddhisme, mais la science.,,
Là encore on ne comprend pas bien en quoi l'examen de conscience s'opposerait à une thérapie mentale. En quoi le fait de trouver un bien-être serait incompatible avec une réflexion sur ce qui est juste. C'est un reproche absurde que l'on fait à la pleine conscience qui en ferait une technique au service d'un conformisme anti-révolutionnaire au service du capitalisme triomphant en permettant une meilleure adaptation au monde stressant contemporain. Je ne vois pas pourquoi des communistes révolutionnaires ne pourraient pas pratiquer la pleine conscience alors que la plupart des adeptes d'arts-martiaux pratiquent la méditation comme techniques pour augmenter leur concentration dans des combats qui peuvent être des combats à mort. C'est bien évidemment le contexte qui joue une part importante dans ce que l'on fait de la méditation. On peut bien sûr critiquer l'usage de la méditation en entreprise si l'employeur rend celle-ci obligatoire mais si elle est seulement proposée et qu'elle réduit le nombre de burn-out ou de suicide je ne vois pas pourquoi on devrait l'interdire non-plus. Dire que la méditation consiste à s'arrêter de penser prouve la totale méconnaissance de Marion Dapsance de la Pleine conscience. Il s'agit d'observer ses pensées en revenant régulièrement aux sensations et à la respiration. On pense tout en étant présent physiquement et conscient des pensées. Je n'arrive pas à comprendre le crédit qui est accordé à Marion Dapsance pour déverser autant de contre-vérité sur le bouddhisme.,,,,
Or, cette inclusion du bouddhisme et de la « méditation » dans le champ de la science n’est pas une idée originale de Matthieu Ricard, qui semble surtout vouloir prouver au monde et à lui-même que sa conversion monastique ne l’empêche pas d’être un rigoureux scientifique. La volonté de faire du bouddhisme une « science » unifiée, capable à la fois d’expliquer les lois de la nature et celles de l’esprit humain, est une idée vieille de cent cinquante ans, que Matthieu Ricard et ses épigones ne font que reprendre plus ou moins consciemment à leur compte. L’invention d’une « science de l’esprit » fondée sur le bouddhisme tibétain fut l’œuvre de la Société théosophique. Fondée à New York en 1875 par une émigrée russe, Helena Petrovna Blavatsky, médium piquée de religions orientales, et un vétéran de la guerre de Sécession passionné d’occultisme, le colonel Henry Steel Olcott, cette société s’était donné pour mission de réunir ce que l’Occident avait séparé : science et religion, religions entre elles, communautés humaines, nature et culture. Elle entendait notamment rivaliser avec le christianisme, qui s’était révélé incapable de résister aux attaques portées à ses dogmes par le darwinisme et la pluralité religieuse. La doctrine théosophique, également baptisée « spiritualité » et à laquelle le bouddhisme fut rapidement assimilé, était ainsi pensée contre le modèle du christianisme : il s’agissait non plus de « dogmes », mais de « lois naturelles », non plus de hiérarchies autoritaires mais de « fraternités universelles », non plus de rituels mais de « techniques de l’esprit ». Le génie des auteurs théosophes fut ainsi de gommer toute ressemblance entre les pratiques chrétiennes et les pratiques bouddhiques. Ainsi le christianisme put-il être rangé dans la catégorie « religion » et le bouddhisme lui échapper, quoi qu’il arrive.,,Là aussi c'est risible, le réductionnisme du scientisme du XIXème siècle n'a plus rien à voir avec les exigence de scientificité de ce qui présente souvent un enjeu thérapeutique comme dans le cas de la pleine conscience qui permet de réduire l'anxiété et de limiter le recours à des médicaments. Faire des études en double aveugle avec une cohorte qui pratique la méditation et une autre qui va jouer au scrabble pour voir si la méditation produit des effets davantage positifs que le srabble n'a encore une fois rien à voir avec la pseudo-science de la théosophie où l'on faisait tourner les tables en interrogeant les esprits. Rattacher le bouddhisme à la théosophie n'est qu'un sophisme visant à décrédibiliser le bouddhisme. Qui est dupe?,,,La religion, pourvu qu’elle vienne d’ailleurs,,,Pourquoi dénier la religiosité du bouddhisme ? Non seulement parce que cela rapporte, mais également parce qu’il est difficile de faire autrement. Dénier la religiosité bouddhique est un réflexe culturel occidental. Nous sommes en effet toujours prisonnier du contexte idéologique ayant prévalu à sa constitution comme objet intellectuel au xixe siècle. Le mot « bouddhisme » entraîne dans son sillage la polémique antichrétienne qui a historiquement coïncidé avec son invention. Aussi s’agit-il d’une notion tout aussi idéologique que descriptive, se définissant en creux contre le christianisme, non seulement dans les discours, mais également dans les pratiques. De fait, le mot « bouddhisme » fonctionne comme un laisser-passer pour la pratique décomplexée de ce que l’on appelle par ailleurs la « religion ». Ce qui est généralement considéré comme « religieux » s’en trouve en effet soudainement dédouané dès lors que les mots « bouddhisme » ou « méditation » y sont attachés. Revendiquer le bouddhisme, c’est ainsi se donner le droit de pratiquer une religion de manière légitime, sans en avoir l’air.,,,
Lorsque des gens viennent au Dojo et demande si le bouddhisme zen est une religion, nous avons coutume de répondre que par certains aspects c'est une religion et que par d'autres aspects ce n'en est pas une. Si c'est une religion c'est une religion différente des autres. Si ce n'est pas une religion c'est parce que c'est d'abord une pratique qui peut se concilier avec toutes les religions ou absence de religion que vous souhaitez à partir du moment où vous acceptez quelques rituels comme chanter ensemble ou bruler de l'encens. Je ne vois pas en quoi un anti-christianisme bouddhique serait illégitime? Le bouddha nous demande de renoncer à la vie éternelle, d'être à nous même notre propre lanterne. Il nous demande d'être bienveillant mais pas de croire en lui ni d'avaler aucune couleuvre du type virginité de Marie, mère de Jésus. Et si il devait y avoir des couleuvres dans le bouddhisme, nous ne sommes nullement obligé d'y croire. Pour le dalaï-Lama, le Mont Sumeru n'est pas au centre du monde contrairement à ce qu'affirme de nombreux textes bouddhistes. A aucun moment Marion Dapsance n'accepte de reconnaitre que la méditation pourrait apporter des bienfaits à la civilisation occidentale et qu'il n'existe aucun équivalent dans le christianisme. Elle ignore superbement en quoi consiste la méditation dont elle dit qu'elle consiste à ne penser à rien. Libre à elle d'ignorer le monde invisible et ce qui se passera à sa propre mort dans une posture de déni total comme si il lui était évident qu'à sa mort il ne se passera rien ou qu'elle rejoindra la lumière christique. Personne ne peut savoir avec certitude ce qui se passera mais chacun est libre de choisir les options qui lui semblent les plus judicieuses de son vivant. Liberté de culte doit nécessairement rimer avec liberté de conscience. Libre à elle de mésinterpréter le bouddhisme en occultant le pluralisme d'attitudes, de pratiques, de traditions hétérogènes et d'opinions à l'intérieur du bouddhisme. Et puis, de l'intérieur du bouddhisme, il n'est pas interdit d'en critiquer les dérives. Nous serions les premier à nous offusquer si la méditation devenait obligatoire à l'école ou dans les entreprises. Dois-je rappeler que le livre zen en guerre a été écrit par un moine bouddhiste qui critique sa propre tradition sans la renier?