Un maître, désignant une pierre, demanda à son disciple, si, à son avis, celle-ci était à l'extérieur ou à l'intérieur de l'esprit. L'adepte, au fait de l'illogisme du zen, répondit qu'elle était, évidemment, à l'intérieur de l'esprit. Le maître éclata de rire: "Eh bien, dans ce cas, tu dois te sentir la tête bien lourde"
Par ailleurs ce livre est vraiment catastrophique :
"Le soto, à notre avis, tend à banaliser l'expérience radicale du tch'an sous une forme quasi disciplinaire, coercitive. Elle correspond sans doute à une certaine forme d'aspiration japonaise, mais "adaptée" aux Occidentaux, elle tend à devenir volontariste, carcérale, souvent teintée de relents d'un judéo-christianisme mal assimilé (goût de l'ascèse, nécessité de la souffrance...)" (p.178)
Ahaha comme si on pouvait se libérer sans en passer par la discipline!
Une petite recherche internet nous apprend que l'auteur a écrit des livres sur l'astrologie. Il est clair que par rapport au grand n'importe quoi de l'ésotérisme le soto peut paraitre "disciplinaire". Je n'ai jamais lu ni entendu parler de nécessité de la souffrance dans le zen soto. Aucune citation ni aucune référence ne viennent justifier une telle affirmation (bon en même temps c'est France Loisir l'éditeur ce n'est pas J.Vrin)
Le rinzaï ne s'en sort pas mieux:
"Cette méthode, au demeurant excellente, risque de se transformer en un rituel obligé, une schizophrénie expérimentale, fort éloignée du propos originel, du moins dans son application..."(p.177)Il s'agit également d'un poncif de l'ésotérisme de considérer que seul ce qui est "originel" a de la valeur. Parler de schizophrénie expérimentale parce que le disciple arrive à penser et à expérimenter simultanément deux pensées contradictoires est un peu grossier. Il déconseille même zazen
"le zazen ou posture assise s'inscrit dans une pratique quotidienne certainement bénéfique mais demeure sans rapport avec le processus d'éveil à sa nature propre"(p168)
Ahaha comme si il en savait quelque chose de l'éveil! Hey Patrick! Il faisait quoi Bouddha sous l’arbre de la bodhi? En revanche ici il étaye son propos par des citations de Houei-neng ("Rester longtemps assis ne fait qu'entraver le corps, sans aucun profit pour l'esprit") qui prennent leur place dans la controverse entre le subitisme et le gradualisme. L'auteur réduit abusivement le gradualisme aux tenants de la méditation assise et y oppose le subitisme pour qui "il n'y a pas de causalité à l'éveil" Pour l'auteur "les tenants du gradualisme furent défaits". Pour Dogen, il en va tout autrement.
"Le lecteur, mieux informé, voudra bien nous pardonner ces incartades et, une fois l'éclair de l'intuition se sera fait jour en lui, s'en tenir aux seuls propos des maîtres".
L'auteur voudra bien nous pardonner de mettre ce livre à sa juste place, à savoir à la poubelle.
En même temps, son constat sur le soto français occidental (j'épargnerais les trois lettres majuscules de la structure qui le régit majoritairement chez nous), formule tellement bien ce que ceux (de la structure aux trois lettres majuscules à laquelle je fais allusion ci-dessus) qui le régissent en ont fait!
RépondreSupprimerCar je pense que c'est ce que les occidentaux eux-mêmes en ont fait, et non pas ce qu'a voulu transmettre celui auprès de qui ils ont eu la chance de se former (mais on peut avoir la chance d'avoir un super instructeur et enseignement, et ne jamais en percevoir la valeur véritable.
Quand au rapport entre zazen et s'éveiller à sa nature propre, en fin de compte, il est à reconstruire en permanence : trop de gens confondent rester assis sans rien faire, avec s'éveiller, et finissent par ne pas voir qu'ils stagnent dans une stupeur au sens médico-psychiatrique du terme. Et des gens expérimentent réellement cette connexion, sans jamais avoir mis le cul sur un coussin.
Au final, il s'agit de stabiliser cette expérience, d'en créer des conditions favorables, par la pratique assise.
Donc ce qu'il dit n'est pas si idiot que ça. Je me méfie quand on dit que des trucs sont idiots. Parce qu'alors on ne voit pas là où ça ne l'est pas.
Je pense que je vais récupérer le bouquin dans ta poubelle.
Le zen n'existe pas en dehors de ce que nous en faisons.
SupprimerPeu m'importe l'AZI. Je suis allé un grand nombre à la gendro sans jamais faire zazen. On m'a fait des remarques du genre "toi tu médites le moins possible" J'ai haussé les épaules. Je médite où je veux quand je veux, au rythme que je veux. Je suis un touriste à la gendro... Et alors?
Je suis même assez d'accord avec ce que tu écris: "Quand au rapport entre zazen et s'éveiller à sa nature propre, en fin de compte, il est à reconstruire en permanence." Je ne dis pas le contraire.
Pour Dogen, l'éveil dépend des relations circonstancielles et ne dépend donc pas uniquement de Zazen. Mais zazen permet d'être attentif à ces relations circonstancielles.
Donc oui on peut s'éveiller (faiblement) sans faire zazen et faire zazen sans jamais s'éveiller (vraiment).
"Au final, il s'agit de stabiliser cette expérience, d'en créer des conditions favorables, par la pratique assise.
Donc ce qu'il dit n'est pas si idiot que ça."
Ce n'est pas ce que dit ce livre. Ce livre dit que l'esprit du zen ne se trouve pas dans les monastères zen mais dans l'art.
Il faudrait alors expliquer pourquoi "le zazen s'inscrit dans une pratique quotidienne certainement bénéfique"
En quoi est-elle bénéfique si elle est sans rapport avec l'éveil?
En ce qui me concerne je ne fais pas zazen pour m'éveiller mais uniquement parce que cela me permet de faire taire mon bavardage mental et que cela augmente mon attention et ma vigilance à l'instant présent.
Elle stabilise l'expérience d'éveil? oui c'est ce que j'explique là:
http://mujoseppo.blogspot.fr/2016/01/philip-kapleau-questions-zen.html
Merci d'être passé!
Tu trouveras des commentaires de mon passage sur zen et nous là:
http://novaexpressmusique.blogspot.fr/2016/03/libre-activite.html
J'aime beaucoup Deshimaru mais je trouve que tu l'idéalises encore trop pour moi. Son principal tort est d'être mort trop tôt. L'AZI a fait ce qu'elle a pu avec les "égos" qui la constituent.
Les occidentaux ont leurs torts mais les japonais également, et à l'intérieur de cela, comme à l'extérieur, il y a des choses fabuleuses.
Lausm a écrit:
RépondreSupprimer"... Je me méfie quand on dit que des trucs sont idiots. Parce qu'alors on ne voit pas là où ça ne l'est pas.
Je pense que je vais récupérer le bouquin dans ta poubelle."
... Moi aussi :)
Comme disait un idiot:
"aller en forêt pour voir une biche, ce n'est pas aller en forêt et voir une biche".