"L'Avatamsaka Sûtra consacre un chapitre à la pratique de Samantabhadra, le bodhisattva de la bonté universelle. Il est assis face à Shakyamuni et entre dans un samadhi appelé "concentration du corps immanent". Ce samadhi, c'est la réalisation que tous les phénomènes et toutes les existences sont le corps immanent du Tathâgata, la montagne aussi, l'océan aussi, un tel ou un tel aussi. Chaque existence est le corps immanent de tous les bouddhas. Chacune des existences est le corps immanent de tous les bouddhas, chaque existence est aussi notre corps immanent puisqu'on est tous bouddha. Chacune des existences proclame le Dharma, proclame l'unité, proclame le Tout. En nous ouvrant toujours plus à la réalité de l'interdépendance, nos oreilles s'ouvrent au sermon sans paroles qui proclame haut et fort que l'un est dans le multiple et le multiple dans l'un. Rien n'est séparé de rien" Suivre la voie du Bodhisattva p 74-75.
Comprendre que nous ne sommes pas des existants séparés des autres existants (humains, animaux, plantes et minéraux) que nous avons tous la nature de bouddha permet d'ouvrir notre cœur à la bonté universelle et d'entendre le réel prêcher le dharma.
"Universelle est dite la compassion du bodhisattva accompli parce qu'elle s'adresse à toutes les existences, qu'elles soient humaines, animales ou végétales. C'est qu'en effet la vision juste fait éclater les distinctions courantes entre personnes et non-personnes, mammifères et non-mammifères, êtres animés et êtres inanimés, ouvrant la porte à une compassion véritablement universelle." (...) "C'est ce que fit Bouddha sa vie durant, comme l'exprime on ne peut plus clairement Hans Wolfgang Schumann dans l'excellente biographie qu'il lui consacre : "Le Bouddha, dit-il, avait de la compassion en abondance et la dirigeait vers toutes les sphères du monde vivant. (...) Il abhorrait le sacrifice des animaux et avait même de la compassion pour les plantes lorsqu'il rejetait la destruction et le dommage causés au graines et aux plantes" A son disciple Subhuti qui lui demande comment le bodhisattva peut parfaire l'esprit d'éveil, Bouddha répond qu'il doit avoir l'aspiration à "conduire tous les êtres vivants à l'ultime nirvâna afin qu'ils soient libérés..." p 77-78
C'est l'évidence même me direz-vous. Il suffit de faire un petit tour sur un forum bouddhiste pour constater que ce n'est pas une évidence pour tout le monde.
Extraits d'une conversation sur un forum :
D. A. a écrit :
les plantes n'ont pas plus d'esprit qu'un radiateur électrique.
Sb a écrit :
Serait-ce des automates à la descartes?
D. A. a écrit :
Parce
que le Bouddhisme affirme que les plantes ont un esprit, à présent ?
Les plantes sont munies de capteurs photoélectriques ou autres qui
activent certaines de leurs fonctions à l'instar des automates tels que
des robots ou des radiateurs (même si le "pilote" n'est pas
nécessairement un capteur photoélectrique).
Sb a écrit :
Un mot ne veut rien dire en dehors d'un contexte qui lui donne son sens. Dans le bouddhisme sino-japonais la
réponse est oui mais quel est le mot japonais que traduit le mot esprit ?
Le mot "Shin" exemple : Shin fukatoku (心不可得), "L'esprit est
insaisissable". Le plus souvent Y. Orimo préfère traduire Shin par
"cœur" pour éviter la confusion avec l'esprit du spirite ou de
l'animiste qui pense que la plante a une âme qui l'anime. Dans le
contexte bouddhiste l'esprit n'est ni la conscience ni le cerveau ni
l'âme ni la psyché mais le cœur des choses qui est insaisissable parce
qu'il n'est ni de l'ordre de l'être ni du non-être.
Le premier vœu du Bodhisattva est « Aussi nombreux que soient tous les
êtres sensibles, je fais le vœu de les libérer tous ou de les sauver
tous" De quel êtres sensibles parle-t-on? Quel est le mot japonais pour être?
Shô : naître/la naissance que l'on retrouve dans busshô (la nature de
l'Eveillé). Tout ce qui nait a la nature de l'éveillé mais
celle-ci est insaisissable comme c'est le cas dans les plantes et chez
les animaux mais pas nécessairement chez les humains qui seuls sont
capable de saisir leur propre nature. Néanmoins le Bodhisattva doit
s'occuper avec bienveillance de libérer tous ces êtres et cela inclut
les plantes et les animaux même s'ils ne peuvent saisir leur propre
nature.
D. A. a écrit :
Si c'est le mot "esprit" qui pose problème, prend le sens de mental car
le mental fait directement référence aux perceptions et aux pensées. Or,
rien n'indique que les plantes soient pourvues d'un mental car il faut
un support matériel pour cela : des neurones. Si les plantes ont des
capacités d'êtres vivants, possédants des liaisons synaptiques pour
hormones,
elles ne sont pas capables de ressentir de la souffrance et a fortiori
de l'exprimer. En d'autres termes, elles ne font pas partie des êtres
prisonniers du samsara susceptibles d'être sauvées par un quelconque
bodhisattva. Les êtres sensibles sont ceux qui sont susceptibles d'éprouver de la
souffrance, qu'ils l'expriment ou non. Les plantes, jusqu'à preuve du
contraire (et on éliminera l'anthropomorphisme), ne souffrent pas. Elles
croissent et peuvent mourir, mais c'est le lot de tout les dharmas
composés ; elles ne sont pas des êtres sensibles et ne produisent pas de
karma.
(...)
Je n'ai pas dit — ou alors je me suis mal exprimé — que les plantes (ou
les fleurs) n'ont rien à voir avec le Dharma (pour preuve : la fleur de
Kashyapa ou le cyprès dans la cour qui sont l'expression du
Sambhogakaya) mais que les fleurs n'ont pas de conscience ou d'esprit ou
de mental et n'ont donc pas la nature de Bouddha (au sens où elles
seraient susceptibles de s'éveiller et donc sortir du samsara).
(...)
La compassion du Bodhisattva, en terme d'action dans le monde, ce n'est
ni la charité ni aucune des nobles actions christiques ; c'est l'enseignement du Dharma
jusqu'à la libération de tous les êtres sensibles (non comprises les
plantes qui n'en ont pas besoin).
S.Z a écrit :
Pour répondre au titre de ce fil : "Selon le bouddhisme, les plantes
ont-elles un esprit ?", la réponse est clairement non. Dans la mesure où
il n'y a pas esprit, il n'y a pas de sentiments et donc pas de
souffrance.
Sb a écrit :
J'ai dit que même si les
plantes communiquent entre-elles, elles ne sont pas conscientes. Elles n'ont
ni système nerveux ni cerveau ni esprit (au sens mental du terme). Elles
un cœur au sens que lui donne Dogen et le bouddhisme sino-japonais.
Comme je l'ai expliqué Dogen nous demande de réfléchir sur la frontière
(ou l'absence de frontière) entre l'être animé et l'être inanimé. C'est
un koan. Si l'on dit que la plante souffre on pêche par
anthropomorphisme parce qu'on s'imagine à tort que la plante souffre
comme un être humain. Si l'on dit que la plante ne souffre pas on pêche
également par anthropomorphisme parce qu'on imagine qu'il n'y a de
souffrance qu'humaine. Pendant trop longtemps, dans le monde occidental,
on a imaginé que l'animal ne souffrait pas. Réfléchissez-y.
Kaïkan a écrit :
Dans le Bouddhisme les mots : "tous les êtres sensibles" désignent tout ce qui possède une conscience sensitive, car les consciences sensitives elles-mêmes sont les êtres sensibles. (En Skt. citta ; shin ou kokoro en jap: est souvent traduit simplement par "esprit", mais cela inclus les émotions et sensations). Ceux qui manquent de conscience sensitive, cependant, sont aussi des êtres sensibles, car les êtres sensibles eux-mêmes sont des consciences sensitives. Par conséquent, autant les choses qui possèdent une conscience sensitive que celles qui n'en possèdent pas sont des êtres sensibles. C'est (pour cette raison) que tous les êtres sensibles ont la nature-de-Bouddha. De la même façon, l'herbe, les arbres et la terre sont des consciences sensitives et donc des êtres sensibles. Comme êtres sensibles, eux aussi ont la nature-de-Bouddha. Non seulement ceux-ci, mais le soleil, la lune et les étoiles sont aussi des consciences sensitives et donc sont des êtres sensibles. Comme êtres sensibles, ils ont aussi la nature-de-Bouddha. C'est donc bien ce que le Maître National Ch'i an signifiait quand il disait : « (Tous les êtres sensibles) ont la nature-de-Bouddha. » http://www.portedumoinezen.com/page5.html
Le Maître Sotoba a parlé de mujo seppo, l’enseignement des êtres inanimés qui expriment le dharma, son maître disait même « proclament » la vérité. "Mujo Seppo", traite avec l'idée dans le bouddhisme que Mujo (êtres non sensibles, comme les montagnes, les herbes et les arbres) sont capables de prêcher (seppo). Cette idée peut être issue logiquement de la pensée [du Keisei-Sanshoku] que : "84.000 hymnes de prières proviennent des vallées et des montagnes". Toutefois, si mujo peut prêcher, comment pouvons-nous l’entendre ? Probablement nous ne le pouvons pas.A cette question la réponse de Dõgen :
"Si vous n'êtes pas disposé à entendre, même les voix les plus fortes ne pourraient pas atteindre vos oreilles;
Si vous êtes prêt à écouter, même les voix silencieuses pourraient atteindre vos oreilles»
En effet ceux qui ne sont pas disposés à écouter ou n'ont pas de facultés spirituelles suffisantes seraient sourds à toute honnête prédication.D'autre part, ceux qui sont prêts à écouter et sont dans l’état correct d'entendre, comprendront même les implications des préceptes. Dans certains cas, ils entendent des mots "non-dits" «prononcés» par les simples expressions de l'orateur. Il est, après tout, pas de différence à entendre entre les préceptes du (Bouddha Historique) en tant qu’être vivant, et ceux des vallées et des montagnes en tant qu’êtres inanimés, tant qu'ils atteignent l'oreille.
--------- extrait d'une autre conversation avec un ami moine zen --------------
Sb a écrit :
Le premier vœu du Bodhisattva est « Aussi nombreux que soient tous
les êtres sensibles, je fais le vœu de les libérer tous ou de les
sauver tous" Est-ce que cela concerne aussi les plantes?
Les plantes sont-elles considérés comme des êtres sensibles qui sont
susceptibles de souffrir?
Réponse :
Oui les plantes font partie des êtres sensibles dans les enseignements
bouddhistes, mais je ne crois pas que nous ayons besoin de les sauver.
C'est plutôt elles qui nous enseignent et nous sauvent.
Il y a souffrance quand il y a une fausse identité (un
moi) qui prétend s'approprier le contrôle et la propriété des choses,
objets, sensations, pensées, émotions. Je ne crois pas que les
plantes font cela. Elles Sont.
Elles peuvent être source de souffrance pour les êtres par le fait qu'ils les croient réelles alors qu'elles ne sont que des choses apparaissant et disparaissant.
Elles peuvent être source de souffrance pour les êtres par le fait qu'ils les croient réelles alors qu'elles ne sont que des choses apparaissant et disparaissant.
Certaines études dont j'ai entendu parler constatent une
réaction des plantes lorsqu'on les coupe ou les arrache. S'agit-il de
souffrance ou de douleur ? ? Et surement pas dans le sens où les humains
l'entendent !
Tout est nature de Bouddha ou ''Tout est Conscience''.
A
partir de cette réalisation il n'y a plus de dualité entre toi et tout
ce qui vient à la Conscience puisque tu n'es pas différent de Cela
(Conscience qui regarde).
Tout apparaissant
dans la Conscience que tu Es et y disparaissant, il n'y a aucune autre
manière de voir les choses que comme un miracle insaisissable, une
fantasmagorie extraordinaire où l'esprit qui discrimine sur la
souffrance des plantes n'est lui aussi qu'une apparition, un reflet
fugitif dans le Miroir.
------------- fin de la conversation -----------------------------------
Réponse de Maitre Kosen
Mondo online
Question : « Les plantes souffrent-elles? »
Question : « Les plantes souffrent-elles? »
sb - 31 Mars 2016
Le
premier vœu du Bodhisattva est « Aussi nombreux que soient tous les
êtres sensibles, je fais le vœu de les libérer tous ou de les sauver
tous"
Est-ce que cela concerne aussi les plantes? Les plantes sont-elles considérés comme des êtres sensibles qui sont susceptibles de souffrir? La sensation est-elle déjà dukkha?
Gassho.
Est-ce que cela concerne aussi les plantes? Les plantes sont-elles considérés comme des êtres sensibles qui sont susceptibles de souffrir? La sensation est-elle déjà dukkha?
Gassho.
Réponse de Maitre Kosen
La sensation de souffrance existe, bien entendu.
Bouddha la mentionne parmi les phénomènes dont il faudrait s’affranchir.
Elle est cependant relative à des facteurs qui peuvent être d’ordre émotionnels, psychologiques ou culturels. En effet, à la même intensité de stimulation douloureuse, plusieurs personnes réagiront avec une amplitude différente.
On pourrait aussi voir la souffrance comme une adaptation neuronale indispensable à notre survie.
Imaginez qu’on ne ressente plus aucune douleur ! On se blesserait ou on se briserait les os sans même s’en apercevoir.
Alors qu’entend t on par souffrance ?
Qu’elle est la souffrance d’une plante ou celle d’une planète ?
Je pense pour ma part que tout procède dans la nature par cycles de transformation qui contiennent en eux-mêmes une souffrance ordinaire,
une souffrance normale. Je pense aux douleurs musculaires des ados ou aux poussées de fièvre dues à la croissance chez les enfants ou bien aux douleurs des femmes qui accouchent. On pourrait imaginer que lorsque le cycle naturel est respecté, la douleur n’est pas révoltante. Par contre, lorsque le cycle est anormalement brisé ou perturbé alors la douleur est intolérable et barbare.
Pour ce qui est du hurlement insupportable d’une salade que l’on égorge… çà n’est pas ce qui me révolte le plus en ce moment. On rigole, mais des scientifiques ont déjà enregistré le stress d’une plante qui est bel et bien réel et c’est une expérience qui n’est plus à démontrer.
Plus nous évoluerons, plus nous prendrons en compte, avec empathie, toute forme de vie comme reliée à nous-mêmes et nous la traiterons avec douceur amour et patience. Je n’ai pas oublié la leçon de don juan à son élève quand il lui apprend à parler à une plante et à s’excuser auprès d’elle avant de la cueillir.
http://www.zen-deshimaru.com/fr/mondo/les-plantes-souffrent-elles
Bouddha la mentionne parmi les phénomènes dont il faudrait s’affranchir.
Elle est cependant relative à des facteurs qui peuvent être d’ordre émotionnels, psychologiques ou culturels. En effet, à la même intensité de stimulation douloureuse, plusieurs personnes réagiront avec une amplitude différente.
On pourrait aussi voir la souffrance comme une adaptation neuronale indispensable à notre survie.
Imaginez qu’on ne ressente plus aucune douleur ! On se blesserait ou on se briserait les os sans même s’en apercevoir.
Alors qu’entend t on par souffrance ?
Qu’elle est la souffrance d’une plante ou celle d’une planète ?
Je pense pour ma part que tout procède dans la nature par cycles de transformation qui contiennent en eux-mêmes une souffrance ordinaire,
une souffrance normale. Je pense aux douleurs musculaires des ados ou aux poussées de fièvre dues à la croissance chez les enfants ou bien aux douleurs des femmes qui accouchent. On pourrait imaginer que lorsque le cycle naturel est respecté, la douleur n’est pas révoltante. Par contre, lorsque le cycle est anormalement brisé ou perturbé alors la douleur est intolérable et barbare.
Pour ce qui est du hurlement insupportable d’une salade que l’on égorge… çà n’est pas ce qui me révolte le plus en ce moment. On rigole, mais des scientifiques ont déjà enregistré le stress d’une plante qui est bel et bien réel et c’est une expérience qui n’est plus à démontrer.
Plus nous évoluerons, plus nous prendrons en compte, avec empathie, toute forme de vie comme reliée à nous-mêmes et nous la traiterons avec douceur amour et patience. Je n’ai pas oublié la leçon de don juan à son élève quand il lui apprend à parler à une plante et à s’excuser auprès d’elle avant de la cueillir.
http://www.zen-deshimaru.com/fr/mondo/les-plantes-souffrent-elles
Dans certains cas, ils entendent des mots "non-dits" «prononcés» par les simples expressions de l'orateur. Il est, après tout, pas de différence à entendre entre les préceptes du (Bouddha Historique) en tant qu’être vivant, et ceux des vallées et des montagnes en tant qu’êtres inanimés, tant qu'ils atteignent l'oreille.
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Obéissance = "prêter l'oreille"