Maître Dôgen - La manière de la méditation assise [Zazengi] - Shôbôgenzô, la vraie Loi, Trésor de l'Oeil - Tome 6

Je triche un peu car pour l'instant je n'ai que les 5 premiers tomes et je n'ai lu pour l'instant que les trois premiers. J'ai été étonné de tomber sur la phrase ci dessous qui est l'une des clefs pour comprendre le Shôbôgenzô.
« La méditation assise [zazen 坐禅] n’est pas l’exercice du dhyâna [shuzen習禅] »

Sur le site d'Amazon on peut lire une critique très désagréable de la traduction de Yoko Orimo. "la traduction est pompeuse, absconse, le style infiniment ampoulé emprunt de byzantinisme cultive fausse érudition et se perd en inutiles circonvolutions." Maintenant comparez la traduction ci dessus avec la traduction que l'on trouve sur zen-occidental.net
"La méditation assise n’est pas un exercice de méditation." 
 Vous m'excuserez de préférer la traduction de Yoko Orimo qui a le mérite d'être précise. Il est possible de la consulter en intégralité à cette addresse


J'aimerais connaitre l'origine de cette distinction entre Zazen et dhyâna. Il me semble que c'est chez Dogen qu'elle apparait la plus clairement.

La différence est simple. Dhyâna est la méditation qui permet d'atteindre l'éveil. Au risque de caricaturer il s'agit d'atteindre des états de conscience particuliers. A l'inverse, Zazen, seulement s'asseoir, est déjà le déploiement de l'éveil, il n'y a donc rien à atteindre, ni à attendre, pas même l'éveil puisqu'il est déjà là, même s'il faut de nombreuses années de pratique pour réellement s'éveiller. En caricaturant vraiment je dirais que dhyâna fait de nous des illuminés alors que zazen fait de nous des gens ordinaires mais attentifs. Un illuminé se reconnait à 5 mètres alors qu'il est impossible de faire la différence au premier coup d’œil entre un éveillé et quelqu'un d'ordinaire. Les illuminés sont ceux qui sont tombés dans le piège de l'attachement à l'éveil. Ayant réellement connu une forme d'extase, ils ont parfois un vrai charisme, et donc un certain pouvoir, il est donc nécessaire de garder son esprit critique. Lorsqu'un illuminé prend conscience d'être illuminé, il peut chercher à redevenir quelqu'un d'ordinaire et faire preuve d'humilité et s'éveiller. Les choses ne sont donc pas tranchées, ni noires, ni blanches. Tout est possible à chaque instant. Entendons-nous bien je n'ai pas rencontré d'illuminé. Je ne parle ici que de moi. En effet, on a vite fait de se payer des petits satori qui nous font croire qu'on est arrivé quelque part et que les autres sont loin derrière. Il faut donc rester humble, ne pas se payer de mots et pratiquer activement le non-agir, la non-parole, ne pas juger et rester bienveillant et disponible.

Je suis tombé sur un texte vraiment très juste sur la distinction entre zazen et shuzen dont je recommande la lecture: https://btr2010.wordpress.com/2014/08/26/zazen-nest-pas-shuzen/

Pour ma part, je trouve très difficile d'être attentif à chaque instant dans la durée. Je constate que faire une Sesshin permet d'augmenter considérablement sa sensibilité et donc son attention mais en même temps c'est assez fatiguant et les effets ne durent donc pas très longtemps. Je comprends les gens qui se découragent rapidement. J'imagine que plus on pratique plus les effets durent et moins cela demande d'effort. En revanche, plus on est attentif à soi et aux autres plus les choses importantes à faire s'imposent et plus les choses futiles paraissent futiles.

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